
Née à Beyrouth d’une famille libano-palestinienne, Elissa Kayal est une écrivaine, poète et critique littéraire qui habite Tiohtià:ke/Montréal depuis 2011. Sa pratique artistique allie performance, psychanalyse et poésie où la parole jaillit du corps et de ses organes. Ses principes sont l’euphorie, l’urgence, les célébrations vengeresses, l’oralité et la culture pop.
Dans le cadre de la résidence Tracer la voix, Elissa Kayal travaille sur l’écriture de trois suites poétiques intitulées « Utérus », où elle revient à ce premier contenant, le corps de l’autre, pour comprendre les notions de sécurité, de complétude et de paradis perdu. Sans nier la gravité des horreurs — ni passées ni actuelles —, son projet met en tension la violence du monde extérieur avec la douceur, la chaleur et la patience qui ont été déployées, avant même que l’on existe, pour nous donner naissance, justement, et nous offrir la vie. Il pose les questions suivantes : qu’est-ce qui, après la naissance, peut servir d’utérus substitutif Qu’est-ce qui nous porte, nous contient, nous enveloppe lorsqu’adviennent la violence, le déchirement, le déracinement ? Est-il possible de concevoir une résistance qui passe, non pas par le fait d’être dur ou robuste, mais par la douceur, le soin, la fulgurance de l’émotion brute qui ne demande qu’à être « reçue » ? Est-il possible de concevoir, après la mère, la communauté ? Après le pays, le continent ? La poésie d’Elissa se veut une réponse claire, affirmative, à la haine et à la guerre : « j’arrive dans ce monde parce que j’y ai été portée ».